... encore et encore.
Mayotte est une île jeune, très jeune. Et quand les jeunes ne sont pas contents, ils le montrent.
Depuis le début de la semaine, les transporteurs scolaires sont en grève et manifestent par des opérations escargots. Du coup, les élèves sont privés d'école. Hier des étudiants ont manifesté devant le conseil général, et aujourd'hui, depuis 5H30 du matin, des enfants (!), des adolescents, et des jeunes adultes barrent les différents axes de l'île.
Leur principale revendication : pouvoir aller à l'école et avoir les moyens d'étudier dans les meilleures conditions.
En attendant, ce sont des files interminables de voitures qui patientent sur l'asphalte. Et certains, à bout, s'énervent et tentent de forcer les barrages, ce qui entraîne jets de pierres et autres.
Les forces de l'ordre sont sur les lieux et tentent de calmer les esprits. Cette rentrée scolaire et sociale démarre très mal. La faute à qui ? Sûrement à la mauvaise gestion du conseil général.
Chacun doit prendre ses responsabilités. L'éducation et l'instruction des jeunes sont une priorité nationale, non ? Si on prive ces jeunes de moyens de s'exprimer et de se défouler, ils tournent en rond, et à force de tourner en rond, ils arrêtent de réfléchir.
Hier encore, Darmine, un lycéen à qui l'on donnait des cours quand il était au collège, est passé à la maison pour se plaindre. Il s'ennuie, il veut travailler et apprendre, mais au lieu de ça,"on" le fait tourner en rond. Il a essayé tous les moyens possibles pour se rendre à son lycée qui assez loin de chez lui, mais au bout d'un moment, ça use.
Aujourd'hui son état d'esprit c'est : " Franchement, je ne comprends pas."
Cette jeunesse mahoraise est l'avenir de Mayotte. J'ai rarement rencontré des élèves aussi sérieux, matures, déterminés, et intelligents. Travailler avec eux est un réel bonheur, car ils ne demandent que ça : travailler et apprendre. Ils viennent encore avec plaisir dans les classes, ils respectent encore l''enseignement.
Mais là, on est train de saper cette curiosité, cette envie de s'instruire, on est en train de les dégoûter de l'école, comme on l'a déjà fait en métropole.
Alors voilà, il est 8H30, l'île est encore bloquée. Ça se débloquera forcément, mais jusqu'à quand ?
Quelle rentrée de M... ! Il est beau le père de la départementalisation, il peut être fier de ses fils.